Roger Canone – Ex Milicien : « Voici Ce Que Cachent Les Propos Musclés d’Affi »

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Un Ex-milicien pro-Gbagbo qui s’est battu au plus fort de la crise postélectorale à Yopougon pour le maintien de l’ex-chef d’Etat au pouvoir, dit avoir abandonné les armes pour reprendre ses activités champêtres. Le guerrier Roger Canone, c’est bien de lui qu’il s’agit, indique que derrière les propos du président du FPI, se cachent quelque chose de subversif. Entretien.

Monsieur Canone, quel rôle avez-vous joué dans la crise postélectorale ?

J’ai tout simplement combattu à Yopougon aux Côtés des miliciens et mercenaires libériens pro Gbagbo. J’ai combattu aux quartiers SICOGI et SIDECI. Avant que notre groupe ne soit délogé par les FRCI. Nous avons fui pour aller nous refugier au Libéria, précisément dans le Grand Gedeh. Une région frontalière à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. C’est là que j’ai déposé mon régiment.

Et comment êtes-vous revenu en Côte d’Ivoire ?

J’ai passé huit mois au Libéria. Je me suis rendu compte qu’avant les élections j’étais en train de créer une plantation de palmier à huile. Cher frère, j’ai décidé de revenir au pays pour continuer mes activités. Parce que j’ai trouvé que la guerre ne pouvait pas nourrir mes deux enfants. J’ai donc abandonné mes amis de lutte pour revenir au pays.

Avez-vous actuellement des amis au Libéria ?

Ils y sont nombreux. Des jeunes Ivoiriens comme Libériens. Ils sont toujours dans la logique de la guerre. Mais moi, j’ai trouvé que la guerre ne construit pas. Elle détruit plutôt.

Vous dites que certains de vos camarades restés au Libéria sont toujours dans la logique de la guerre…

Justement, c’est pourquoi je voudrais interpeller le président du FPI, le grand frère Pascal Affi Nguessan. En effet, ses propos musclés contre le régime actuel pourraient réveiller les vieux démons. On ne peut pas vouloir la réconciliation et tenir des propos de ce genre.

Que voulez-vous dire exactement ?

Les miliciens sont à la recherche de quelqu’un qui peut les galvaniser. S’ils ont trouvé quelqu’un qui leur dit qu’ils ne doivent pas avoir peur, il est clair qu’ils se mettront en ordre de bataille. Mes amis qui sont au Libéria ne jurent que parles palabres et la brutalité. Il faut donc éviter les propos guerriers. L’opposition doit certes apporter des corrections dans la gestion du pays mais il faut savoir le faire. Car lorsque l’opposition tient des propos musclés cela laisse une porte d’entrée aux ennemis de la République. Je sais ce que je dis. Il y a actuellement des centaines d’Ivoiriens miliciens au Libéria. D’autres sont au Ghana, Togo et au Bénin. Il ne faut donc pas les inciter à vouloir entreprendre quelque chose d’anormal.

Pour vous donc les propos de M.  Affi Cachent-ils quelque chose d’anormal ?

Oui, je le pense bien. Le président du FPI est sûr de ce qu’il dit. Quand on affirme que « le fauteuil présidentiel brûle Ouattara, c’est pourquoi il fait beaucoup de voyages», pour nous, ce n’est pas jolie à entendre. Plutôt, il appartient à Affi de dire aux militants FPI que nous sommes obligés de nous mobiliser pour prendre le pouvoir dans les urnes en 2015.

Si vous étiez en face de M. Affi, que lui diriez-vous ?

Je lui dirais qu’il est un bon leader, un bon animateur de parti politique. Mais il devra beaucoup faire attention dans ses déclarations. Car si demain, des jeunes gens se soulevaient contre le pouvoir actuel, Affi serait mis au banc des accusés. Il serait accusé comme le premier instigateur des troubles. Et comme je connais bien mes amis miliciens, ils n’attendent que quelqu’un donne de la voix pour semer le désordre. Il faut donc tenir un langage constructif et réconciliateur. Il faut faire la politique dans l’intérêt de la population

 

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