Par AN | Lementor.net
On croyait Laurent Gbagbo prêt à se faire discret après la validation de la réélection d’Alassane Ouattara à la présidentielle du 25 octobre. Beaucoup imaginaient l’ex-chef d’État tourné vers la réorganisation de son mouvement et la mobilisation de ses militants. Pourtant, ce samedi 29 novembre, depuis Abidjan, le fondateur du FPI a ravivé la contestation en s’attaquant ouvertement à ce qu’il qualifie de « quatrième mandat » du président sortant, à quelques jours de son investiture prévue le 8 décembre.
« Nous n’allons pas laisser passer cela »
Devant un public acquis à sa cause, réuni pour une cérémonie dédiée aux « prisonniers politiques », Gbagbo a choisi la fermeté. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une violation flagrante de la Constitution, rappelant que la règle des deux mandats, « d’inspiration américaine et largement plébiscitée par les Ivoiriens », ne saurait être contournée.
« La loi limite le nombre de mandats. Pourquoi inscrire un principe que l’on refuse ensuite d’appliquer ? », a-t-il interrogé, estimant que l’enjeu dépasse le simple cadre électoral. Pour lui, c’est le respect du pacte républicain qui est en cause.
Un combat qu’il estime intact
Bien avant le scrutin, Laurent Gbagbo avait déjà fustigé la candidature d’Alassane Ouattara, qu’il jugeait anticonstitutionnelle, en référence au texte révisé en 2016. Malgré les contestations, l’élection s’est tenue, et la victoire du président sortant a été confirmée par le Conseil constitutionnel.
Mais le discours de samedi laisse entendre que Gbagbo n’a jamais réellement renoncé à ce combat juridique et politique.
Ces déclarations interviennent dans un contexte tendu : plus de 1 600 personnes ont été interpellées lors des manifestations contre le mandat présidentiel. À travers son initiative pour la libération des détenus d’opinion, Gbagbo exhorte désormais à obtenir la libération de ceux que l’opposition qualifie de « prisonniers politiques ».
Le spectre de 2011 toujours évoqué
Lors de son allocution, l’ancien président a également rouvert la page de la crise post-électorale de 2011, pointant une nouvelle fois la responsabilité de la France de Nicolas Sarkozy. Il s’est interrogé sur l’implication de l’armée française dans l’assaut contre sa résidence présidentielle.
« Dans une élection disputée entre deux candidats, pourquoi l’aviation française est-elle intervenue ? », a-t-il lancé, reliant cet épisode à ce qu’il décrit comme une « culture de la force » imputée à ses adversaires politiques.
Selon lui, le temps a changé et « ceux qui pensaient pouvoir gouverner par la contrainte » sont désormais rattrapés par la justice, en référence aux ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy, condamné et brièvement incarcéré en novembre dans l’affaire du financement libyen.
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