Royaume-Uni / Dally Gogognon : « La Libération Des pro-Gbagbo Est Un Non Evènement »

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« La communauté ivoirienne au Royaume-Uni a besoin d’être édifiée »

Révolutionnaire dans l’âme, Jean Marc Gogognon est connu sur la place londonienne pour ses vérités et ses prises de positions souvent tranchées. Dally Gogognon n’a rien à envier à Thomas Sankara, Malcom X ou au très controversé Sékou Touré pour sa vision de l’Afrique, notamment de son pays d’origine la Côte d’ivoire.

A sa façon, ce psychologue met ses différentes expériences cliniciennes à la disposition de ses compatriotes pour aider la communauté à faire face aux problèmes de la société anglaise.

Il crache aussi ses quatre vérités sur la Coordination des Ivoiriens au Royaume-Uni et le Front populaire ivoirien (Fpi).

Afrique Essor : M. Jean-Marc Gogognon vous êtes un acteur incontournable de la diaspora londonienne. Désormais, vous refusez qu’on vous appelle Jean Marc. Pourquoi  cette rébellion tardive contre votre nom chrétien ?

Dally Gogognon : Il s’agit d’une interpellation par rapport à une prise de conscience sur le danger que représentent les prénoms supposés chrétiens que nous héritons directement de la colonisation. Je n’arrive toujours pas à comprendre la nécessité d’être identifié par un nom qui n’a rien à avoir avec ma culture. Je ne crois pas nécessaire de porter le nom du colonisateur pour démontrer ma foi en Dieu. Ces prénoms chrétiens ont des objectifs inavoués qu’il nous faut comprendre tout simplement, parce qu’ils font partie des symboles de la colonisation que nous traînons inconsciemment depuis des siècles. Ce sont des marques déposées ou des timbres gênants. Puisque je ne veux plus de la colonisation et de ses traces alors j’ai simplement décidé de  me séparer à juste titre de ce tampon colonial. Demeurant  attaché à mon Dieu, retenez tout simplement que mon nom chrétien c’est désormais Dally et on verra si le ciel me tombera dessus.

Par ailleurs, lorsque j’ai demandé l’origine de mon prénom Jean- Marc  à mon  père défunt, il m’a dit qu’il n’en savait rien. J’ai compris que  étant né  le 25 avril  ce nom correspondait au calendrier que le colonisateur a introduit dans notre société. Son ami, le Père Gotht, missionnaire dans la région de Sassandra à l’époque, m’ayant baptisé à ma naissance, lui a recommandé ce nom « Saint » comme mon prénom et depuis l’école primaire jusqu’à mon lieu de boulot, ce nom a noyé mon vrai nom Dally, à telle enseigne que je suis automatiquement identifié à un Français. J’en ai eu  assez.

Depuis que j’ai coupé ce symbole mental, physique et envahisseur je suis en paix. On ne m’identifie plus automatiquement à un Français (Ndlr : Dally travaille dans l’administration sanitaire anglaise). On me demande quelquefois l’origine de Dally et c’est avec   fierté  que j’explique son origine et son histoire, car chaque nom a une histoire qui doit être connue. Il est grand temps de mener scientifiquement le combat contre les premiers symboles de la colonisation, notamment ; leurs dialectes, leurs noms et leurs systèmes d’éducation qu’ils nous ont imposé avec la chicotte que les bombes remplacent de nos jours.

Quel a été le déclic de ce changement ?

Au-delà de mon expérience personnelle, j’ai été très inspiré par l’histoire du prénom Laurent du Président Gbagbo qu’il a raconté à plusieurs reprises. Le président Gbagbo disait que son père Koudou avait participé à la guerre de libération de la France, et qu’au cours des combats, le capitaine Laurent de son unité militaire avait  été mortellement atteint et qu’il serait pratiquement mort dans ses bras. Alors en mémoire de ce « gentil capitaine Laurent » selon les termes du président Gbagbo, son père Koudou  lui a donné le prénom Laurent à son grand frère défunt et ensuite à lui Gbagbo en souvenir du « bon capitaine Laurent ». Au-delà de ce que nos simples yeux peuvent voir et que nos oreilles peuvent entendre, le père Koudou voulait symboliser ou imager son bon capitaine à travers ses fils le défunt et Gbagbo le Président. Au plan mental ou spirituel on pourrait dire que le père Koudou voulait être toujours connecté avec l’esprit du capitaine Laurent, son « bon capitaine  » pour simplement l’élever spirituellement autant que possible à travers ses enfants.  Si vous voulez, le père Koudou a attaché une histoire éternelle à son fils Gbagbo à travers son prénom Laurent. Croyez- moi, à chaque fois que nous disons le président Laurent Gbagbo, nous relevons spirituellement ce capitaine Laurent que nous ne connaissons même pas. Tel était donc l’objectif du père Koudou qui a voulu éterniser la mémoire de son chef d’unité pendant la guerre de libération de la France.

Pour revenir à moi, mon père Gogognon Dally m’a donné ce prénom  Marc  qui est devenu par la suite « Jean-Marc » juste à partir du calendrier, sans savoir qu’il élevait ainsi spirituellement quelqu’un qu’il ne connaissait même pas. Il pourrait s’agir du plus grand criminel du siècle ou même de l’inspirateur de  la traite négrière. Je ne pouvais donc pas prendre le risque de continuer la propagande spirituelle d’un inconnu qui n’a rien à avoir avec ma culture, ma nature ou ma psychologie. J’ai donc préféré faire « la propagande spirituelle » de mon père Dally puisqu’il est mon géniteur et je lui dois ma vie. Donc désormais à chaque fois que quelqu’un m’appelle Dally,  mon père ou Gogognon qui est le nom de mon grand père, je suis content et très fier qu’ils soient élevés ainsi spirituellement.

Vous savez, ces prénoms ou ces symboles remplacent simplement les chaînes qui ne sont plus dans nos pieds mais désormais bien installées dans nos têtes.  Nous n’avons plus d’excuse à continuer leur combat à leur place. Ces prénoms constituent un bagage nuisible à nos cultures et surtout à la prédestinée de nos noms de famille. Ces prénoms détruisent méthodiquement nos vrais noms. C’est à peine que nous nous appelons par nos vrais noms tellement nous sommes dopés ou aliénés par leurs faux noms dogmatisant. Or ceux-ci n’acceptent pas de porter nos noms et n’oseront jamais les donner à leurs animaux domestiques à plus forte raison à leurs enfants. Pire, nous doublons leurs noms Jean-Jacques, Jean-Paul, Marie-Louise, Marie -Antoinette, et consorts au péril de nos noms de famille et de notre identité culturelle. Il faut mettre fin à cette autodestruction massive. Il faut arrêter d’accompagner nous-mêmes nos vrais noms à la perdition pendant qu’il est encore temps.

Voici brièvement l’histoire de mon combat contre les symboles nuisibles du colonialisme. Nos ancêtres ont perdu le combat frontal contre la colonisation. Nous ne demandons pas  de match retour. Nous n’en avons pas les moyens militaires et médiatiques, mais nous ne sommes pas obligés de les élever spirituellement. Houphouët Boigny disait que seuls les imbéciles ne changent pas. Alors, changeons.

Alors concrètement, que signifie Dally Gogognon ?

Dally signifie  esprit de protection et Gogognon veut dire esprit d’intelligence, indomptable et de gagneur. Chez nous en Afrique le nom est un esprit. Arrêtons d’adorer ou de vénérer les esprits des colons au détriment des nôtres.

Donc les histoires sur les calendriers ou quelle qu’en soit la forme des prénoms introduits dans notre société à l’époque des conquêtes des terres par les colonialistes que nous brandissons par ignorance contribuent à  une auto pendaison.

Votre commentaire sur les derniers évènements politiques en Côte d’Ivoire. Notamment la libération des pro-Gbagbo, le prochain congrès du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et les élections régionales et municipales.

C’est un non évènement si ce n’est pour démontrer que certains leaders africains refusent le développement et la démocratie. A quoi sert-il de garder inutilement des hommes politiques, acteurs du développement de notre société en prison pour s’en faire comme trophée de bon samaritain? Il faut nécessairement sortir de cette politique de “demi dieu” ou un simple être humain s’octroie des pouvoirs de vie et de mort de ses concitoyens. Si des individus devraient être en prison en Côte-d’Ivoire, ce sont dans un premier temps, les auteurs directs et indirects de la rébellion armée imposée aux Ivoiriens le 19 septembre 2002. Nous savons tous que ces rebelles ont détruits des vies de milliers d’innocentes personnes. Dans une crise où les responsabilités sont partagées, jouer à l’innocent ou insidieusement à la victime n’est pas la bonne solution. Ce n’est pas normal que le régime actuel se croit irréprochable dans la longue crise ivoirienne. Il est donc grand temps de prendre les dispositions idoines pour aller au pardon national afin que les populations ivoiriennes apprennent à se tolérer pour revivre ensemble sans crainte.

Concernant le congrès du PDCI, bien que n’étant pas de cette formation politique, cet événement qui implique un grand nombre de la jeunesse ivoirienne ne devrait désintéresser personne car la jeunesse ivoirienne a un même destin. La preuve pendant la guerre sauvage importée, les jeunes de tous les camps politiques ont été  décimés par milliers. Nous ne devrons plus nous taire devant une situation  quelle qu’elle soit qui mettrait à risque la vie d’un frère ou d’une sœur ivoirienne. Inscrivons-nous dans une dynamique, de prévention,  d’interpellation et  de soutien aux engagements nobles de certains  nos concitoyens. Je voudrais humblement faire un parallèle à la candidature de KKB qui crée la psychose et suscite des comportements qu’on pourrait identifier à la « délinquance politique » des adultes.

Par ailleurs, à 80 ans Bédié représente désormais le désespoir. Il faut tout simplement lui imposer la rigueur de la jeunesse qui ne veut plus être passive. Le temps où la jeunesse abandonnait naïvement son avenir aux mains des patriarches est dépassé. Les jeunes savent qu’ils doivent désormais se battre pour atteindre leurs objectifs au sein et en dehors des formations politiques, car nulle part, sur cette planète, la vieille garde a fait place aux jeunes comme dans un jardin paradisiaque Regardons autour de nous, en Europe et en Amérique, ce sont désormais des jeunes de notre génération qui dirigent le monde. Pourquoi la candidature d’un jeune expérimenté serait perçue comme un acte abominable ? Dans ce cas pourquoi existe-il des structures de jeunes dans les formations politiques ?

Le Président Konan Bédié a connu toutes les gloires de ce monde depuis son jeune âge Il a été Ministre à plusieurs reprises. Il a été Ambassadeur à l’ONU. Il a été Président de l’Assemblée Nationale. Il a même fêté des milliards dans les années 70. Il a été Président de la République par héritage consciencieux de la constitution du pays dont il devrait en principe être le farouche défenseur. Il a aussi connu le coup d’Etat et l’exil. C’est un homme complet et comblé. Que veut-il encore ? En dehors des monarques, son parcours socioprofessionnel s’avère unique.  Le Président Bédié est-il encore le vrai maître de ses pensées, de ses actes et de ses opinions ? Serait-il l’otage de mains obscures ?

Le 3 juin dernier Les juges de la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) dans l’affaire Procureur contre Laurent Gbagbo, recherchent  savoir un complément de preuves, que pensez-vous de cette décision ?

C’est une diversion pure et simple comme l’ont souligné pertinemment certains juristes et nos leaders d’opinion. Je ne crois  pas que les impérialistes peuvent se dédire, cela ne fait pas partie de leur fonctionnement. Ils veulent certainement gagner du temps pour dérouler leur rouleau compresseur afin de  dissuader les supports importants, notamment ceux de certains décideurs africains et d’ailleurs qu’ils chercheront à manipuler. Le président Gbagbo a bien situé le décor. Il dit être à la CPI pour avoir remporté l’élection présidentielle de novembre 2010. L’absence de preuves contre lui met à nu le chef d’accusation courant. On comprend désormais que le reste est tout sauf le droit. Comment peut-on garder un suspect pour chercher davantage de preuve contre lui !? S’ils le relâchent en ce moment précis, rentrerait-il en Côte-d’Ivoire comme président élu ? En ce qui me concerne, les impérialistes ne peuvent pas investir tant de moyens pour fabriquer une fausse guerre aux conséquences très graves pour se dédire à la fin. La vraie réconciliation en Côte-d’Ivoire n’est pas non plus à leur avantage et ils travaillent à cela. C’est ce qui explique ce que nous voyons et savons tous.

Créée en 1963, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue Union africaine (UA) a 50 ans, quel bilan pouvez-vous tirer de son action ?

Il n’existe pas d’Union Africaine, plutôt d’un instrument à résonance impérialiste sur le continent africain dont les impérialistes eux -mêmes sont les principaux financeurs. D’ailleurs nous les voyons à toutes les rencontres de ce « truc » qui n’a aucun pouvoir de décision par rapport aux intérêts des peuples africains, si ce n’est d’encourager les bombardements impérialistes des pays africains notamment  la Libye,  la Côte-d’Ivoire, le Mali et autres. Ils ont changé leurs stratégies d’occupation appuyées par leurs médias menteurs.

Le 5 juin 2013, le Président français, François Hollande, a reçu le prix Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix en présence de plusieurs chefs d’États africains et personnalités parmi lesquels, le Président Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ce supposé prix de la paix au Président Français par les valets du traité esclavagiste ou de la « France-Afrique », n’est rien d’autre qu’une reconnaissance assourdissante à la politique du canon de la France en Afrique. Hélas ! Mille fois hélas ! Ces dirigeants africains à la mémoire de coq ou à la mémoire chroniquement amnésique, qui ne peuvent  se souvenir des montages monstrueux des dirigeants  Français récents en Libye, en Côte-d’Ivoire et partout en Afrique, constituent le vrai cancer  du continent africain. Ce prix très douteux au Président des Français est une consécration de la politique esclavagiste continuelle de la France en Afrique. Honte à ce club de pillards.

Psychologue praticien en instance d’une soutenance de Doctorat, vous résidez au Royaume-Uni depuis bientôt deux décennies. Votre ancienneté dans le royaume d’Angleterre doublé de votre profession vous donne certainement l’avantage de connaître mieux la communauté ivoirienne et ses principaux problèmes. Vous est-il déjà arrivé de mettre vos connaissances au profit de cette communauté ?

Il faut dire que je viens de loin sur le plan académique et professionnel et j’ai encore du chemin à faire. Je suis rentré dans l’industrie de la santé publique anglaise comme aide soignant. Après seulement quelques mois, j’ai suivi une formation accélérée d’infirmier diplômé d’état spécialisé en maladies mentales à Greenwich Université, ce qui m’a permis de changer de statut dans mon boulot. J’ai aussi suivi une formation de six mois à « South Bank University » de Londres comme « mentor » combinée à l’expérience pratique suivi qui m’autorise d’encadrer, de former, de soutenir et d’orienter cliniquement les étudiants et les collègues moins avancés . J’ai rapidement gravi les différentes étapes d’avancement et de responsabilités cliniques. En plus,  je suivais des cours de haut niveau en psychologie et en sociologie à l’université de « East London » pour être à ce jour au stade de recherche avec deux professions d’état sous la main. C’est un parcours fantastique que je ne peux bouder même si j’avoue que ce n’est pas facile pour un père de famille de huit enfants et trois petits enfants.

Par rapport à l’autre volet de votre question, j’ai la conception de l’académicien, celui dont le savoir académique ne sert pas essentiellement à son employeur. Comment pouvais-je passer plus de la moitié de ma vie à étudier et mettre mes connaissances académiques exclusivement à la disposition d’un employeur pour survivre? Donc Je partage mon expérience professionnelle et académique avec mes concitoyens et j’en suis très fier. J’ai fait un essai sur les funérailles excessives. Je n’ai pas été compris au départ, mais par la suite, ceux qui me vilipendaient de façon musclée se sont rangés à mes côtés. J’avais entre autre exposé le phénomène dangereux des veillées funèbres en Europe, notamment au Royaume uni.

En ma qualité de psychologue, l’association « Diaspora ivoirienne UK » m’a aussi  fait l’honneur d’aider à travers sa conférence publique à  la compréhension du phénomène de la délinquance juvénile au sein de notre communauté ivoirienne. Cela fut un succès. Les témoignages des différentes communautés présentes notamment jamaïcaines étaient  émouvants.  Ce serait inconscient, méchant et très déplorable d’attendre que la délinquance devienne alarmante au sein de notre communauté avant de chercher à l’éradiquer.

La délinquance juvénile est une triste réalité de la société qui affecte effectivement les différents groupes ethniques qui constituent la grande communauté des Ivoiriens de l’Angleterre. Le nombre d’enfants aux comportements inciviles, auto déscolarisés, sans emploi, murés dans les centres de détention ou de rééducation de mineurs, dans les centres psychiatriques et dans les prisons par unité de groupes ethnique est en nette progression.

Monsieur Dally Gogognon, votre nom a été longtemps associé à des mouvements politiques, des associations communautaires ; notamment le Front populaire ivoirien (FPI) et la Coordination des Ivoiriens au Royaume-Uni. Etes-vous toujours actif ?

Je suis toujours actif sur le plan communautaire et politique.

En ce qui concerne la communauté ivoirienne au Royaume-Uni, j’ai activement contribué à la création de l’IRAG (Ivorian Relief Action Group) qui était une structure très engagée politiquement dont les actions n’avaient jamais eu pour dessein la division de la communauté ivoirienne en Angleterre. C’est donc regrettable que la Coordination des Ivoiriens au Royaume-Uni dont l’objectif principal, à sa création, était de dénoncer la néo-colonisation de la Côte-d’Ivoire soit muée en une structure « caméléon », qui selon les émotions et les humeurs de ses nouveaux responsables est festive le matin et politique le soir. Il faut avouer que le manque d’actions depuis plus de deux ans sur le terrain politique anglais pour dénoncer les massacres et autres violations des droits de l’homme en Côte-d’Ivoire, fait des patriotes ivoiriens en UK les complices des ennemis des populations ivoiriennes. Il est donc temps que la Coordination revienne à ses fondamentaux pour redynamiser la lutte. En d’autres termes si les responsables actuels de la Coordination n’ont pas la conviction nécessaire d’assumer la lutte (dénonciation, information et rétablissement de la vérité en ciblant les politiques, les ONG, les structures diplomaties, le publique anglais et les autres groupes de pression) alors qu’ils dégagent tout simplement et maintenant. Ils sont libres d’aller organiser des cérémonies d’intronisation et de festins ailleurs, mais pas sous la bannière de la Coordination.

Quant au Front populaire ivoirien (FPI), j’en suis un militant de base et j’en suis très fier. Je n’ai jamais quitté mon parti pour faire du boucan ailleurs et y revenir selon mon émotion et mes intérêts du moment. Je ne fais pas du « yoyo » politique. Je ne suis ni de près ni de loin impliqué dans la balançoire politique qui semble être le passe-temps de certains, suivez mon regard… . La politique est une conviction et la conviction résume notre personnalité individuelle et collective.

Mon grand regret est que le FPI UK auquel le Président Gbagbo avait fait l’honneur en nommant son premier responsable, conseiller pour l’Europe, a depuis plus de deux ans été incapable de poser le moindre acte en faveur des victimes de la crise post-électorale ; encore moins rendre visite au président Gbagbo injustement incarcérer à La Hayes… à deux pas de Londres.

Par ailleurs, c’est vraiment dommage que ma contribution à la conférence de Diaspora ivoirienne UK pourtant publique ait crée des grincements de dents de la part de certains de mes compatriotes de la Coordination des Ivoiriens au Royaume-Uni.

Ces derniers me reprochaient d’avoir donné une conférence à cette association, Diaspora ivoirienne UK, alors qu’ils ont fait pire : quémander de l’aide financière au chef de la rébellion ivoirienne Soro Guillaume lors de son passage à Londres. Copinage dans les couloirs de l’hôtel où logeaient Soro et sa délégation, vraisemblablement en quête de nomination ; nous avons encore en mémoire l’image de ceux qui se sont d’ailleurs égarés dans ces couloirs. Ou encore ceux qui sollicitaient nuitamment, et cela d’une façon indigne, l’intervention du pouvoir d’Abidjan pour libérer leur maison occupée par des Dozos en Côte-d’Ivoire. Et ce sont, hélas, ceux-là qui prétendent décrier ce même pouvoir dans la journée. L’on ne peut pas non plus être fier d’avoir financé une communauté religieuse fusse-t-elle musulmane, avec l’argent de toute la communauté ivoirienne au Royaume-Uni, sans étendre cette action aux autres congrégations religieuses. On finance de façon discriminatoire un projet de construction d’un siège religieux d’une partie de la communauté pendant qu’il n’y a même pas un lieu de rencontre de l’ensemble des Ivoiriens. Où est le siège qui avait été offert avec fanfares et trompettes à la communauté? Malheureusement ce sont ces individus-là qui ont l’audace de fustiger le professionnel que je suis et qui met son savoir et ses compétences à la disposition de ceux qui le désirent. En quoi ma contribution à l’édification de notre communauté par l’animation d’un débat communautaire publique s’assimilerait-il à une traîtrise ? Et qui serait traité ?

Pour ma part, il serait judicieux d’organiser des séminaires et des conférences avec des thèmes qui peuvent contribuer à l’intégration de la communauté ivoirienne au Royaume-Uni que de se limiter à des festivités. Que pourrait rapporter l’organisation d’une fête dite d’indépendance à la communauté Ivoirienne de l’Angleterre pendant que celle-ci est confrontée à divers problèmes ? On nous parle aussi d’un hommage des Ivoiriens à Londres aux anciens footballeurs qui ont remporté la coupe d’Afrique de 1992. Où est l’intérêt de la communauté Ivoirienne dans une telle opération de charme? La Coordination des Ivoiriens du Royaume-Uni serait-elle devenue une structure d’organisation de galas uniquement ?

« Diaspora Ivoirienne UK » une structure très récente a donné  une leçon que ceux qui sont sur le terrain depuis longtemps ont du mal à digérer. C’est ce qui explique tout ce tapage superflu pour tenter de donner de la contenance à leurs auteurs désespérés. Nous les invitons à une concurrence positive dans l’intérêt supérieur de notre communauté. C’est avec fierté que j’ai prononcé la conférence sur la prévention de la délinquance juvénile en collaboration avec Diaspora ivoirienne UK « pian » et je l’assume « pian »…et j’invite les autres structures communautaires à œuvrer exclusivement dans l’intérêt communautaire ou d’assumer la vraie identité de leurs structures.

Le samedi 11 mai 2013, le président d’une nouvelle association communautaire dénommée Diaspora ivoirienne – UK a été investi. Quels sont vos rapports avec les responsables de cette nouvelle organisation ?

Je n’ai pas de rapport particulier. J’ai répondu a une invitation tout simplement d’une sœur ni plus ni moins. Mais tant que cette jeune structure s’investira davantage dans les actions de prévention des maux auxquels notre société est confrontée, je n’hésiterai pas à  y contribuer selon mes capacités. Comme je vous l’ai dit plus haut, en ma qualité de psychologue, c’est un réel plaisir pour moi de partager mon expérience avec ma communauté.

Votre analyse de la création de cette nouvelle organisation. Parce que des tensions entre cette nouvelle association et l’ancienne Coordination n’a pas l’air de satisfaire tout le monde ?

Je n’ai pas d’analyse sur la création de structure communautaire. La liberté d’association existe dans ce pays. Les actes sur le terrain justifieront mon analyse car une structure communautaire à mon sens doit exclusivement s’occuper des problèmes de la communauté. Nous sommes la seule communauté délaissée par nous mêmes, politisée inutilement par nous-mêmes et sans repère. Trop de bruits pour rien. Nous ne disposons même pas d’un centre d’activité ou nous pouvons nous retrouver pour communier et discuter de nos nombreux problèmes d’intégration auxquels nous sommes tous confrontés. A part les funérailles et les multiples fêtes, rien d’autres en dehors des cages d’intoxication communautaires surévaluées pompeusement partis politiques qui nous divisent inutilement en créant davantage de méfiances et le rejet de l’autre. Si nous ne prenons garde pour remédier à cette mentalité le plus rapidement possible, nous mettrons en péril nos enfants qui hériteront de cette méchanceté politique que j’appelle désormais la délinquance des adultes. Qui a dit que l’action politique est un totem communautaire au point ou l’on doit socialiser exclusivement avec les individus de son camp idéologique?

Le pays connaît toujours des problèmes depuis la crise post-électorale avec l’arrestation puis le transfèrement de l’ex-président Laurent Gbagbo à la prison de la Haye en Hollande. Les dérives totalitaires et les arrestations arbitraires sont au quotidien. Alors comment expliquez-vous le calme plat des Ivoiriennes et Ivoiriens qui, sous la bannière de la Coordination des Ivoiriens au Royaume-Uni, s’étaient identifiés sous l’appellation de « Patriotes »  pendant la période de la crise militaro-politique issue de la rébellion de septembre 2002 à 2007 ?

En tout cas à mon humble niveau je ne comprends pas cette sorcellerie « trans-coordination ». Je crois que le procès verbal  (voir le PV ci-dessus)  de l’assemblée générale du samedi 19 mars 2011 ci-dessous clarifie la préoccupation principale des militants de la Coordination, car la Coordination est et reste belle et bien une structure de combat dans l’intérêt supérieur de notre pays. Comment peut-on avoir un tel discours et prétendre se limiter aux actions dites festives?

Votre mot de fin ?

Je salue le combat intelligemment, courageusement et honnêtement mené par les vrais patriotes de France et d’ailleurs. Je salue aussi l’équipe du frère Apollos Dan The, mais je regrette par la même occasion l’absence très remarquée du frère Touré Moussa Zéguen. Je parie que si le frère Touré Moussa était encore à Londres, on ne se serait pas éternisé dans cet amalgame inactif honteux, car il a démontré à travers l’IRAG (Ivorian Relief Action Group) qu’on peut diriger une structure politiquement engagée et privilégier les actions et l’intérêt communautaire. A l’époque de Touré Moussa Zeguen il n’y avait pas de totem communautaire. Les actions engagées ne l’étaient exclusivement qu’en direction des autorités anglaises et des chancelleries pour dénoncer, informer, contredire et rétablir la vérité. Jamais la communauté n’était une cible comme c’est malheureusement le cas ces temps-ci avec ses dirigeants caméléons autoproclamés. Il faut élever le débat et cibler nos démolisseurs qui ne sont pas les pauvres frères et sœurs de notre communauté. Je ne suis pas d’accord avec cette manière de refuser d’assumer le combat dans la tricherie congénitale, justifiant ainsi notre lien sanguin avec le négativement célèbre Louis-André Dakoury Tablet. C’est dommage que Touré Moussa soit injustement pénalisé par les sinistres impérialistes de l’ONU, sinon j’aurais personnellement pris l’engagement de l’aider à revenir mettre de l’ordre dans sa maison qui le regrette tant.

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