Née dans un contexte de ruptures géopolitiques majeures en Afrique de l’Ouest, la Zone AES (Alliance des États du Sahel) regroupe trois pays : le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Tous dirigés par des régimes militaires de transition, ces États ont annoncé en 2023 leur volonté de quitter la CEDEAO et de construire une nouvelle alliance régionale fondée sur la souveraineté, la sécurité et le développement commun.
Une réponse à un isolement croissant
Les trois pays membres de la Zone AES ont en commun d’avoir été confrontés à des coups d’État récents (2020 au Mali, 2022 au Burkina Faso, 2023 au Niger) et à des tensions persistantes avec la CEDEAO, notamment en raison des sanctions imposées à la suite de ces transitions militaires. Le départ collectif de la CEDEAO, officialisé en janvier 2024, marque un tournant historique dans l’architecture régionale ouest-africaine.
Objectifs affichés : sécurité et souveraineté
La Zone AES se présente comme une alternative aux structures régionales jugées inefficaces ou trop influencées par l’étranger. Selon les communiqués conjoints, ses objectifs prioritaires sont :
La lutte conjointe contre le terrorisme,
La mutualisation des forces de défense,
Le renforcement de la coopération économique,
La préservation des valeurs culturelles et souverainistes.
Une alliance militaire à la base
Le premier pilier concret de l’AES est sécuritaire. Les armées des trois pays ont multiplié les opérations conjointes, partagé du renseignement et annoncé la création d’une force de défense commune. Cette coopération vise à reprendre le contrôle de vastes zones sahéliennes confrontées à la présence de groupes armés terroristes.
Une organisation encore en construction
Jusqu’à présent, la Zone AES ne s’est pas encore dotée de structures institutionnelles lourdes. Aucun Parlement commun ni monnaie unique ne sont à l’ordre du jour immédiat, mais les dirigeants évoquent régulièrement la volonté de construire une union politique et économique plus intégrée à long terme.
Un projet à forte portée symbolique
Au-delà de ses aspects militaires ou économiques, la Zone AES porte un discours de rupture avec les anciennes puissances coloniales, et de rejet d’un certain ordre international jugé néocolonial. Ce positionnement suscite à la fois de l’adhésion dans les opinions publiques locales… et des interrogations dans les autres capitales africaines.
Une alliance appelée à s’élargir ?
Certains analystes évoquent la possibilité que d’autres pays rejoignent à terme l’alliance, notamment en cas de tensions similaires avec la CEDEAO. Pour l’heure, aucun État ne s’est officiellement porté candidat.
La Zone AES s’inscrit donc dans une nouvelle dynamique géopolitique en Afrique de l’Ouest, où les lignes traditionnelles d’intégration régionale sont en train de se redessiner.
La Rédaction
Leave a comment