Ble Goude Charles : Le Dernier Train Pour La Haye….

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Blé Goudé posera bientôt ses valises à la Haye. La décision prise en conseil des ministres ce jeudi a fait l’effet d’une bombe dès sa publication. Le général de la rue, l’ex trublion politique à la solde de la refondation ira rejoindre son mentor à la CPI afin de répondre des charges de crimes contre l’humanité qui lui sont imputées. La justice internationale aura donc fini par rattraper l’enfant terrible du gbagboïsme. Mais doit-on vraiment s’en étonner ?

Depuis la première banderille plantée par l’ex procureur Louis Moreno Ocampo en décembre 2011, on avait compris qu’il ne faudrait pas bien longtemps pour que les matadors de la CPI ne portent l’estocade à cet animal politique vaincu et traqué. Car contrairement à son mentor qui au plus fort des affrontements d’avril 2011 avait choisi de se retrancher dans son bunker avec femme et bagages, l’ex leader estudiantin avait préféré prendre la poudre d’escampette pour se réfugier à l’étranger. C’est de sa cachette qu’il assistera à la capture et l’incarcération de LG suivis de son extradition à la Haye. Cette existence de fugitif aurait pu perdurer si poussé par son zèle habituel notre homme n’avait baissé sa vigilance, convaincu qu’il était d’avoir semé les limiers du régime lancés à ses trousses. Sa cavale prendra fin un matin de janvier 2013 au Ghana. Pays dans lequel il s’était rendu attiré sûrement par la relative bienveillance dont semblaient y bénéficier les autres exilés pro Gbagbo. Mal lui en a pris. C’est donc sous bonne escorte qu’il rejoindra la côte d’ivoire et sa douillette cellule de la DST. Depuis lors que n’a-t-on pas lu et entendu sur le sort réservé à l’ex ministre de Gbagbo ? « Charles Blé Goudé serait mort et enterré…il aurait succombé aux sévices infligées par ses geôliers….son corps aurait été dévoré par les hyènes…. ». Petite pause et rebelote. « CBG serait entre la vie et la mort… il subirait un traitement de choc de la part de ces gardiens en vue de l’obliger à reconnaitre la légitimité du régime… libérez Blé avant la fin du mois… sans Blé pas de réconciliation….. »

C’est dans cette atmosphère de paranoïa qu’interviendra la énième charge de la CPI qui le 1er octobre dernier leva les scellés du mandat d’arrêt émis en décembre 2011 contre l’ex protégé de Gbagbo. Elle informa par la même occasion la Côte d’Ivoire de l’obligation qu’elle avait de donner une suite favorable à sa requête conformément aux engagements qu’elle avait souscrits en ratifiant le traité de Rome. Les autorités ivoiriennes engagées dans un processus de réconciliation auquel elles semblaient naïvement croire avaient alors jugé bon de surseoir à cette requête. Convaincus qu’ils étaient que l’extradition de Gbapê porterait un coup fatal aux efforts entrepris jusque là pour rapprocher les ivoiriens. Mais c’était sans compter avec la mauvaise foi des frontistes qui depuis leur chute en avril 2011 s’évertuent à saper méthodiquement toutes les actions menées par le pouvoir en vue de ramener le calme et la sérénité dans ce pays. Un pouvoir qui aurait pu continuer à s’accommoder de cette situation si les évènements ne s’étaient précipités récemment. Démontrant à ceux qui en doutaient encore que les refondateurs ne renonceraient jamais à leurs idées de déstabilisation. Peut-on raisonnablement envisager une réconciliation avec des gens contre leur volonté ? Doit-on éternellement jouer la conciliation face des individus de mauvaise foi dont la seule intention est de vous mettre les bâtons dans les roues ? Des gens qui ne manquent aucune occasion pour vous balancer des boules puantes ? À l’impossible nul n’est tenu…

Alors que le pouvoir avait entrepris depuis peu de reconduire sa politique d’élargissement des personnalités détenus depuis la crise post électoral, et où il était de plus en plus question de l’éventualité de la mise en liberté du Grégoire, c’est ce moment là que choisirent les ennemis de la paix pour décocher une flèche assassine contre ce processus de normalisation auquel ils n’avaient de toute évidence jamais adhéré. Nos gouvernants n’ont jamais prétendu que Blé Goudé était détenu dans un hôtel 5 étoiles depuis son rapatriement. La prison n’est pas un conte de fée. Mais publier des images arrangées et les présenter comme récentes alors que depuis belle lurette, le prévenu bénéficiant de la mansuétude du régime avait été relogé aux frais du contribuable dans des conditions qui feraient pâlir de jalousie la plupart des familles défavorisées de ce pays, cela relève d’un esprit diaboliquement perfide. Ajoutez à cela le concert d’indignation feinte et d’injures qui ont accompagné cette mascarade et vous avez les ingrédients du clash qui génère aujourd’hui des passions.. « Blé Goudé torturé dans les geôles du pouvoir…. Les preuves du fascisme du régime…. Le dictateur mis à nu…. Les images qui font trembler la république…. Le pouvoir de la haine…etc »… Même la publication des images (vraies) de sa résidence surveillée montrant un Gbapê tout sourire et semblant plus que tout apprécier les conditions de sa détention n’ont pas mis fin à la polémique. Pas plus que les témoignages de ces camarades (Zadi Djédjé et Patrice Kouté) qui avaient eu l’autorisation de le visiter récemment et qui affirmaient la main sur le cœur que leur compagnon n’était nullement maltraité. Ses avocats sont même montés au créneau pour demander officiellement le transfèrement de leur client à la CPI afin de le soustraire à une mort qu’ils jugeaient inéluctable!!! Méfies-toi de ce que tu désires dit le proverbe. Car tu risques de l’obtenir.

Qu’à cela donc ne tienne. Blé ira à la CPI. À peine a-t-on annoncé la nouvelle que l’on assiste à un tonnerre de réprobation et de condamnations émanant de ceux là même qui voyaient en ce transfert une manière d’indisposer le pouvoir. Car pour eux, cela ne pouvait qu’être le prélude à une future extradition de certains pontes du régime qui ne manqueraient pas d’être réclamés par les magistrats de la Haye en vue de rétablir une sorte d’équilibre. Mais en même temps qu’on accuse Ouattara d’avoir livré le prévenu à la justice internationale, on affirme de façon péremptoire qu’il ne pourra refusé de livrer ses hommes à cette même justice vue l’obligation qui pèse sur lui d’accéder aux desideratas des juges de la Haye. Alors de deux choses l’une. Soit les décisions de cette juridiction ont force d’obligation pour les états membres qui sont tenus d’exécuter ses mandats. Auquel cas il serait incongru de rendre le chef de l’état responsable de ce départ. Tout comme il serait compréhensible que certains se frottent les mains et salivent d’avance à l’idée que le couteau pourrait se retourner contre leurs adversaires. Soit alors le dernier mot de l’histoire revient aux états eux mêmes. Et dans ce cas on peut légitimement trouver crédible que d’autres soupçonnent le régime d’avoir voulu se débarrasser d’un colis gênant. Mais on ne peut accuser le PR d’avoir sans contrainte livré Gbapê à ses juges et même en temps venir ergoter sur une épée de Damoclès qui pèseraient sur lui au point de l’obliger à céder lorsqu’il s’agira de répondre à un éventuel mandat d’amener visant ses hommes. Car si Ouattara était libre d’accepter ou non le départ de l’ex Fesciste réclamé par cette instance internationale, il va sans dire cette liberté ne saurait être remise en cause quand il s’agira de statuer sur des demandes futures émanant de la même source. Et quand bien même obligation il y aurait, celle-ci ne peut être que de principe car n’étant rattachée à aucune mesure de coercition. Que ferait la CPI dans le cas où un état signataire refusait de coopérer ? De quelles mesures de rétorsions dispose-t-elle pour imposer ces décisions ? Il suffit de considérer les cas de Saif Al-Islam Kadhafi et d’Omar El-Béchir pour se rendre compte que cette institution n’a pas les moyens de faire valoir les pouvoirs qu’on a bien voulu lui octroyés. Car le principe de subsidiarité qui la fonde ne l’autorise à intervenir qu’en cas de défaillance des systèmes judiciaires nationaux. Ce qui fait que sans prêter le flanc à des accusations d’entrave à la justice, n’importe quel état membre peut légitimement invoquer cette disposition pour se dispenser d’avoir à livrer un de ses ressortissants. Tout argument contraire n’est que juridisme….

On peut donc affirmer sans risque de se tromper que c’est pas demain la veille que Ouattara se tirera une balle dans le pied en envoyant un de ses fidèles soutiens rejoindre Gbagbo et son protégé dans les geôles de la Haye. Ceux qui rêvent d’un tel dénouement peuvent toujours crier dans le désert. Leurs puériles gesticulations ne sont bonnes qu’à amuser la galerie. Tout comme leur ubuesque décision de boycott du recensement de la population n’empêchera l’opération de se dérouler. Qu’on le comprenne une bonne fois pour toute : la réconciliation ce n’est pas une obligation. On peut vivre ensemble sans être amis. Aucun groupuscule ne saurait donc instrumentaliser le processus de normalisation initié par le pouvoir. Et ne pourra prendre en otage toute une population dans l’intention de lui imposer ces caprices. La comédie a assez duré. Blé ira à la CPI. Et il n’y aura rien….

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