Le constat est net! KKB, Djédjé Mady, Kouassi Yao, tous candidats à la présidence du Pdci contre le président sortant, Henri Konan Bédié, sont assurés, à moins d’un miracle, de mordre la poussière devant le jeune homme de 79 ans. Il suffit de voir avec quelle détermination, la quasi-totalité des délégations du vieux parti ont, comme un seul homme, rageusement levé les poings pour réclamer, en toute démocratie, la modification de l’article35 des statuts pour permettre à Bédié de briguer un « dernier » mandat à la tête du Pdci-Rda. Un « dernier » mandat bien sûr, sauf si ses forces lui permettent de continuer à servir encore le Pdci et la Côte d’Ivoire en 2018… Bref, Djédjé Mady, KKB et autres peuvent aller se rhabiller, le match est terminé avant même d’avoir commencé. Le jeune homme de 79 ans a bien préparé son affaire. Riche de plusieurs années d’expérience en matière déverrouillage électoral et de tacles indolores, il avait déjà franchi la ligne d’arrivée avant que les autres candidats, pris de cours, ne réalisent que la course avait commencé. C’est que Bédié, depuis bien longtemps, avait soupçonné, le cigare en main, les ambitions de quelques-uns de ses soldats et pris, en conséquences des dispositions préventives. En créant un curieux comité ad hoc généreusement confié à son neveu, l’inspecteur d’Etat, Niamien N’Goran. Lequel, avec un dévouement qui fait presqu’envie, a scientifiquement œuvré à neutraliser le secrétaire général, Djédjé Mady. Il a même-quelle insolence !-proposé la suppression du secrétariat général et son remplacement par un secrétariat exécutif. Histoire de pousser Djédjé Mady dans le dos vers la porte de sortie sans en donner l’impression, puisqu’il appartiendra aux congressistes de valider ou non cette proposition déjà entérinée par Bédié. Si la proposition est validée, Djédjé Mady n’aura qu’à s’en prendre aux congressistes et non à Bédié. Il n’est pas malin, le jeune homme ? La démocratie au Pdci, ce n’est pas un vain mot…
Mais, si « les titulaires de la souveraineté du Pdci », pour utiliser un mot cher au confrère « Le Nouveau Réveil »-arme de « destruction massive » du président Bédié, pilotée par un homme qui en a déjà vu des vertes et des pas mûres-ont massivement porté leur choix sur le candidat Bédié, ils n’ont pas manqué de souligner la nécessité pour le Pdci d’avoir un candidat à l’élection présidentielle de 2015. Et c’est justement à ce niveau que les choses risquent de se gâter entre le président Bédié et « les titulaires de la souveraineté ». Comment le président Bédié peut-il approuver l’idée d’une candidature officielle du Pdci-Rda contre l’actuel chef de l’Etat qui, en grand stratège, a devancé tout le monde en déclarant sa candidature pour la même élection, allant jusqu’à rêver d’être le candidat unique du Rhdp ? Le gouvernement actuel, piloté par un Premier ministre issu des rangs du Pdci, à moins d’un tremblement de terre, restera en place jusqu’en octobre 2015, date des futures élections. Or, pour se donner les chances de gagner l’élection présidentielle de 2015,si le Pdci-Rda devrait avoir un candidat, ce candidat doit être désigné au plus tard dans la première moitié de l’année 2014. Bédié ne pouvant plus se présenter et, à moins de trouver un nouvel homme providentiel, le candidat du Pdci-Rda ne peut sortir que des rangs de ses cadres actuellement au gouvernement. Sauf qu’une candidature d’un membre du gouvernement actuel contre le chef de l’Etat entraînerait immédiatement l’expulsion de tous les ministres Pdci du gouvernement. Mais laissons Guikahué expliquer mieux cette situation. « (…) Le président Ouattara est candidat aujourd’hui. Si demain matin, Duncan vous appelle à la Primature pour déclarer sa candidature contre celle du président de la République, quelle va être l’attitude des membres du gouvernement… ? »Question transmise à ceux qui réclament une candidature du Pdci en 2015.Mais reposons la question autrement : si Bédié, sous la pression de sa base, autorise une candidature du Pdci-Rda contre Alassane Ouattara, quelle va être l’attitude de ce dernier ? Et quelle sera l’attitude de son parti, le Rdr, grand défenseur aujourd’hui du président Bédié, de façon totalement désintéressée ? Ce serait de nouveau la « guerre » entre les deux partis et la fin des privilèges accordés au Pdci par le chef de l’Etat, même s’ils sont considérés comme négligeables par la base du vieux parti. Bédié prendra-t-il un tel risque ? Rien n’est moins sûr ! Surtout que le seul moyen de garantir une absence de candidature du Pdci-Rda contre Alassane Ouattara, c’est son maintien à la tête du Pdci. Et comme cela, manifestement, semble acquis, on imagine déjà la suite des événements au Pdci. Dans leur infinie sagesse, les congressistes, en octobre prochain, ne décideront rien du tout sur cette question. Sous l’inspiration du Comité d’organisation piloté de mains de maître par Niamien N’Goran, ils vont écrire dans les résolutions que la situation en Côte d’Ivoire est encore fragile et que le gouvernement a besoin de sérénité pour poursuivre l’immense travail abattu depuis près de trois ans, pour parler comme Bédié lui-même: «Le président Ouattara fait un travail excellent»,répète-t-il, partout. En conséquence, pourraient dire les congressistes, une exigence de candidature officielle du Pdci à l’élection présidentielle de 2015 n’est pas opportune pour le moment. Pour trancher la question, les Congressistes pourraient cependant charger le nouveau président élu, Henri Konan Bédié, de mettre en place un Comité de réflexion restreint, pour étudier cette question de candidature. Et Bédié, avec l’efficacité qu’on lui connaît, mettra, à son rythme, ce comité en place. Lequel sillonnera l’ensemble du pays pendant des mois au motif qu’il faut consulter la base. Et au final, le Comité dira que la base engage le président à continuer la réforme profonde qu’il a engagée pour moderniser le parti afin qu’il retrouve le pouvoir d’Etat… en 2020. « On ne change pas une équipe qui gagne… » Et comme Ouattara dirige déjà cette équipe qui gagne, pourquoi s’emmerder avec un candidat du Pdci qui ne gagnerait pas contre lui ? Surtout qu’une élection présidentielle, ça coûte cher et que Bédié, paraît-il, est le seul qui met la main à la poche au Pdci-Rda… Les autres étant juste de grands bavards et de grands théoriciens de salon ?
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